Du 15 au 17 juillet 2014 dans la ville libre de Berlin, se sont retrouvé des passionnés d’ouverture de la connaissance (open knowledge en anglais) du monde entier pour partager leurs expériences et mieux établir des stratégies de collaboration.
J’ai eu le grand honneur d’y participer grâce à des financement de Open Knowledge, du Open Data Institute du gouvernement du Burkina Faso. J’y ai appris un tas de choses, dont je partage avec vous ici, les plus importantes :
1. Au Burkina, nous sommes logé à une bonne enseigne
Le gouvernement du Burkina a initié depuis 2012 un projet d’ouverture des données publiques pour des besoins de transparence, de participation citoyenne et de développement économique.
En tant qu’acteur de la société civile Burkinabè, j’ai accueilli l’initiative avec beaucoup de joie, mais je n’imaginais jusque là pas la chance, que nous avions.
Au Festival, j’ai rencontré des ressortissants de pays où il est plus difficile d’accéder au données qu’au Burkina ; des pays où le gouvernement ne veut pas entendre parler d’ouverture, ce qui rend l’accès et la reutilisation des données vraiment problématique.
Avec l’initiative Open data du Burkina, c’est l’État qui s’ouvre au citoyen et qui le poursuit pour qu’il vienne regarder les données. C’est l’État qui demande au citoyen d’utiliser les données et de les réutiliser afin de faire des choses utiles. Nous devons tirer le maximum de profit de cette initiative, que nous soyons journaliste ou étudiant, simple citoyen ou chercheur.
2. Nous devons financer nos projets locaux localement
En tant que groupe local OK, nous avons le réflexe de demander du soutien à d’autres structures à but non lucratif, souvent de niveau international pour financer nos activités.
Il se trouve que les organisations à qui nous avons l’habitude de demander le soutien, le demande elles aussi à d’autre structures, auprès desquelles elles font le plaidoyer de la cause qu’elles défendent.
Pour financer nos activités de façon durable, il serait bien que nous apprenions à lever des fonds localement. D’aucun dirait que les entreprises locales et les institutions ne contribuent pas, mais j’ai tendance à penser que c’est parce que nous manquons de les convaincre. Nous avons besoin d’appendre les techniques du foundraising afin de pouvoir convaincre nos interlocuteurs de ce qu’ils gagnent à nous soutenir, parce qu’il faut le savoir, nul ne peut être mobilisé en dehors de ses intérêts. Les financements locaux nous permettent d’avoir une meilleure indépendance et de gérer nous même notre relation avec les partenaires.
Pour vous donner un exemple, Le projet school of data a lancé un fellowship pour recruter des acteurs de l’open data qu’il allait former sur six mois. Il y avait 10 places disponibles et pour 5 places, il cherchait des personnes de pays bien déterminés (Tanzanie, Afrique du sud, Hongrie, Indonésie et Roumanie). Ce qui veut dire que si tu n’es pas de l’un de ces pays, tu te retrouves à compétir pour une place sur 5.
Lors de la rencontre entre groupes locaux OK à Berlin, certains candidats malheureux ont fait des commentaires sur le recrutement. Et c’est là, qu’un acteur du projet a expliqué que chaque fellow coûtait 20 000$ et qu’il était difficile de mobiliser des fonds. Il a conclu en disant que pour s’assurer d’avoir un fellow, chaque pays pourrait mobiliser lui-même les 20 000$, parce qu’avant tout, le school of data est comme une école.
3. Éviter les effet de mode, ça ne sert au final à rien
Il m’est arrivé de participer à des projets open data, ou d’initier des activités open data juste pour que mon pays soit cité parmi les pays qui sont actifs. Mais en réalité, cela ne sert pas beaucoup parce qu’après avoir eu les « applaudissement » internationaux, il sera difficile d’avoir un impact localement, compte tenu fait que notre objectif est déjà atteint.
Ce que nous faisons doit être d’abord pour résoudre des problèmes réels et locaux. La reconnaissance internationale peut venir, mais si nous travaillons pour résoudre des problèmes réels et qu’on y parvient, même si personne ne reconnaît ni ne relaie ce que nous avons fait, on est fier d’avoir fait œuvre utile.
4. Nous avons besoin de davantage de persévérance dans nos projets
Au Burkina Faso, je connais beaucoup de personnes qui ont eu des idées de projets, mais qui n’ont pas pu dépasser l’étape d’idée.
La plupart du temps, on à tendance a justifier notre abandon par l’absence de conditions favorables. Même si cela n’est pas faux, beaucoup de projets ne verront jamais le jour tout simplement parce que leurs géniteurs n’y croient pas assez fermement.
La plupart des projets citoyens ou des produits d’entreprises présentés au OKFest ne sont pas plus spéciaux que les projets que nous avons souvent. La différence réside en la capacité des promoteurs à croire en leurs projets et à commencer à travailler dessus. Au fil du temps et de la confrontation avec la réalité, le projet subit des améliorations, des adaptations et fini par être LE produit que tout le monde cherchait sans le savoir.
Je peux dire aussi que le manque de confiance en nos projets est lié à l’absence d’exemples proche de nous. Nous avons souvent besoin pour y croire d’avoir des exemples concrets de réussite, et de voir les jeunes déserter les écoles pour les sites d’orpaillage le démontre bien¹. Cependant, nous devons nous considérer comme des pionniers. Si nous refusons de faire l’expérience, nous courons le risque de manquer une grande occasion.
1. Dans certains villages, les jeunes quittent les écoles et occupent les sites d’orpaillage. Ils y creusent à corps perdu pendant des semaines, avec pour seule motivation, la moto qu’un autre jeune comme lui a acheté avec les revenus de l’or qu’ils a trouvés en creusant.